“Il n’y a qu’une chose qui se démode: la mode, et c’est la mode qui emporte le succès.” Pierre Reverdy
S’habiller est un besoin. les vêtements nous protègent de notre environnement. Chez les Inuits par exemple, l’épaisseur du vêtement est considérable. Il ne s’agit pas pour eux de se vêtir de peau d’animaux pour une quelconque raison esthétique: ces peaux les protèges du froid et des intempéries. Si ces tenues existent, c’est parce qu’elles ont un sens, une véritable raison d’être fabriquées et portées. Mais qu’en est-il lorsque s’habiller n’est plus un enjeu pour la survie ? Devient-il motif à la création sous couvert du nom “mode” ? L’utile évolue et se transforme en art ou, à défaut, en produit commercialisable ?
La mode est un effet secondaire de la mondialisation. Ses tendances sont définis par un petit nombre de protagonistes, pour le plus grand nombre d’usagers. Nous ne choisissons pas, la mode est choisie pour nous. Cependant, la mode vestimentaire se limite aux apparences et n’est pas pérenne, même si celle-ci semble s’imposer, nous avons le choix de la suivre ou non. Qu’en est-il alors de la mode architecturale, qui elle, à l’encontre du vêtement, est faite pour s’établir et durer ?
La mode et ses tendances se propagent majoritairement grâce aux médias. Il suffit d’ouvrir une revue d’architecture pour comprendre ce phénomène et en mesurer ses conséquences. Ici et là apparaissent des bâtiments de couleurs et de formes diverses. Ils auront probablement dépérit dans une vingtaine d’années, tout comme le sont désormais la majorité les constructions qui ont marquées la France dans les années soixante-dix. C’est donc avec méfiance qu’il faut regarder ces magazines: la beauté de l’architecture qu’ils promeuvent est trop souvent éphémère, elle plait à l’œil innocent et non averti; à tous ces lecteurs qui pensent que le magazine montre l’exemple, ce qu’il faut faire pour réussir et être publié. La beauté est beauté parce qu’elle plait au regard et dans ce cas précis, parce qu’elle a trouvée sa place sur le haut de l’étagère, peut-être par hasard, peut-être pour de bonnes raisons, mais il ne faut pas se laisser séduire par cette beauté incomprise. Car trop souvent on se laisse amadouer par ce que l’on voit. C’est exactement là ou le piège réside dans la mode: il est plus aisé de se fier à l’image concrète d’une chose perçue par notre regard, plutôt que d’essayer de trouver la raison qui à fait naître cette chose.
Si la mode vestimentaire trouve ses raisons et son compte dans l’éphémère, c’est parce que son contexte le lui permet, l’y oblige même. En revanche, lorsque des architectes suivent la mode, il nous l’impose automatiquement, car que l’on le veuille ou non, on finit toujours par se confronter à la ville. Pour lutter contre ce phénomène l’architecte ne doit pas subir la mode de façade ou de volume, en somme toutes les tendances qui consistent à se limiter au contenant. Il doit impérativement se concentrer sur le contexte dans lequel se situe son projet, puis le nourrir de références adaptées et effectives, pour avoir une chance de produire un système architectural qui fonctionne.
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