La curiosité est inhérente à l’espèce humaine. Depuis toujours, artistes, philosophes, scientifiques, mathématiciens, et autres esprits éclairés on cherché à expliquer la nature des choses. Le pourquoi précédé du comment est devenu un modèle de pensé commun à l’animal intelligent de Nietzsche. Cependant, il est plus facile pour un scientifique de prouver quelque chose, par la formule a+b, que pour un artiste, qui exprime ses idées en fonction de sa pensée qui est elle subjective. Certains pensent que l’action des artistes est incompréhensible, que ces derniers ont perdu la raison. Mais leurs recherches humaines, spirituelles ou sociales sont d’une importance cruciale dans une société qui sait expliquer une grande partie des phénomènes terrestres mais qui est incapable de se découvrir elle-même. L’artiste côtoie la beauté. Mais celle-ci est secondaire, elle est le résultat d’un calcul très complexe. Lorsque l’amateur d’art trouve une peinture laide, c’est son avis, mais cette critique prend rarement en compte la démarche artistique, elle se contente de dire que le résultat ne plait pas. L’amateur a donc un avis basé sur ses propres critères de ce qu’est la beauté dans l’art. Cet avis est donc purement subjectif. On peut en déduire que la beauté, est donc subjective, même dans les domaines les plus sophistiqués.
Le lien puissant entre les mathématiques, la science, l’art et l’architecture réside dans la quête de l’exploration et du savoir. Quel que soit le domaine, on cherche toujours à expliquer les choses. Cette curiosité qui nous anime se divise en deux catégories. La première se situe dans l’intérêt que l’on porte aux domaines que l’on ne maîtrise pas, mais qui existent (les sciences naturelles, l’astronomie…) La seconde niche dans les domaines que l’on a appris à maîtriser au cours du temps, on peut parler d’inventions, elles peuvent être abstraites ou concrètes, mais sont nécessairement des artefacts (Art, architecture, Ingénierie, littérature…). Ces deux catégories sont totalement indépendantes mais extrêmement liées. Car les aller-retours sont nécessaires entre chacune d’elles pour pouvoir évoluer. Par exemple, on utilise notre savoir en mathématique (abstrait) pour traduire les phénomènes spatiaux et temporels (concrets). J’ai parlé tout à l’heure de l’importance de l’Art dans notre société. Car l’art, très académique jusqu’aux avant-gardes, s’est délestée de ses traditions pour devenir abstraite. Cependant, cette abstraction est toujours basée sur la raison. La démarche artistique est totalement ancrée dans le réel. Elle n’a rien de mystique ou de magique lorsque l’on parle d’art contemporain. Là où je voudrais en venir, finalement, c’est que cette rationalisation des choses, en Art et donc en architecture, nous vient justement de cette culture scientifique du savoir objectif. Si l’on arrive à expliquer le pourquoi, même dans un domaine aussi compliqué que l’art (difficile car les applications et les solutions sont infinies) c’est simplement pour lui donner une raison d’exister. Chose qui nous échappe totalement lorsqu’il s’agit d’expliquer notre propre présence sur terre, paradoxale non ?
L’esthétique fonctionne un peu de la même manière. Il y a la beauté de la nature, relaté par sa grande diversité, et puis il y a la beauté artificielle. Les deux sont étroitement liés. Cependant, contrairement aux intérêts vus précédemment, elles n’ont aucune raison d’être, leur justification est purement visuelle. Mais comme toute chose rationalisée par l’homme, des règles ont été établies pour pouvoir expliquer lorsque une création est esthétiquement mauvaise ou bonne. Ces règles rationnelles sont rarement enseignées en tant que telles. La liberté de les découvrir est laissée aux étudiants pour qu’ils puissent se les approprier et les interpréter à leur guise, selon leurs envies. Ils apprennent alors à développer leurs idées et à en adapter le modèle esthétique approprié.
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