La photo capture un moment précis, ça, tout le monde le sait. Mais pour moi, elle doit raconter une histoire qui doit pouvoir être assimilée très rapidement, aussi rapidement que le moment qu’elle a capturée. Car ce n’est pas parce que l’on fige un moment que l’on doit lui donner le temps d’être lu. Il peut évidemment être méticuleusement regardé, même analysé en détail, mais sa lecture doit être aussi rapide que sa capture. Une fraction de seconde et l’on doit pouvoir comprendre. La surabondance d’informations ne nous laisse plus passer du temps sur quelque chose que l’on ne comprend pas instantanément. Si l’on ne comprend pas, tant pis, on passe à autre chose.
La gestion de la couleur est quelque chose de très difficile. Il est impossible de faire apparaître sur une photo les vraies couleurs. La couleur est subjective, elle ne peut donc pas être rendu sur la photo comme une valeur unique et indiscutable, car elle dépend de beaucoup d’éléments externes. Elle varie selon le capteur photographique et sa précision colorimétrique, mais aussi en fonction de l’écran utilisé pour la voir et pour la traiter, de la personne qui la voit, celle qui la travaille… Sans occulter les phénomènes naturels tels que la lumière et le temps. De plus la couleur est dangereuse parce qu’elle captive, elle attire l’attention. Lorsqu’on fait une photo, attirer l’attention sur un élément est primordial, encore faut-il que ce ne soit pas sur la mauvaise chose. Atténuer la couleur permet d’éviter ce genre de phénomène contraire, et laisser au cadrage, à la composition et à la profondeur de champ ce dur labeur.
C’est pour ces raisons, que je désature mes photos. La couleur n’est alors plus qu’une information. Elle passe au second plan. Elle indique en regardant plus attentivement qu’un rouge est un rouge, rien de plus.
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